Comité Français des Barrages et Réservoirs

Barrage de Migouélou

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Leçons de l’histoire

Étude de cas et accidentologie

Rupture de barrage en France :

Deux accidents ont marqué les esprits sur le territoire français :

  • la rupture du barrage de Bouzey (barrage poids en maçonnerie, d’une hauteur de 18 mètres, construit en 1880) (Vosges), en avril 1895, a fait 87 morts.
    Il s’agissait d’une rupture brusque, mais qui avait été précédée par l’apparition de fissures et de déformations importantes. La rupture est imputable au comportement du corps du barrage, avec comme cause principale l’apparition de sous-pressions.

    L’analyse des causes de la rupture du barrage de Bouzey a considérablement fait progresser la compréhension des mécanismes de rupture des barrages poids. En particulier, le mécanisme de création de fissure en pied amont de barrage et de propagation des sous-pressions dans l’ouvrage, ont permis de définir des règles de dimensionnement beaucoup plus fiable pour les ouvrages ultérieurs.

  • la rupture du barrage de Malpasset (barrage voûte en béton, d’une hauteur de 60 mètres, construit en 1954) (Var), en décembre 1959, au cours du 1er remplissage, a fait 423 victimes et causé des dommages matériels importants : 155 immeubles détruits, 1 000 hectares de terres agricoles sinistrées, deux milliards de francs de dégâts.

    Le barrage a cédé alors que des intempéries ont fait monter le niveau d’eau dans la retenue. Un des appuis du barrage était implanté sur un dièdre rocheux de grand volume dont le plan de fissuration présentait une orientation défavorable, avec un drainage naturel décroissant avec la pression ; la poussée de l’eau a déchaussé le dièdre, qui a été éjecté vers l’aval entraînant le déséquilibre et la rupture de la voûte en béton. La rupture est donc imputable à la fondation avec comme cause principale la rupture au cisaillement.

    L’onde de submersion a atteint la ville de Fréjus située à une dizaine de kilomètres, avant de se jeter dans la mer.

    A l’instar de Bouzey, l’analyse de la catastrophe de Malpasset a permis de mieux appréhender les phénomènes d’écoulement et de sous-pression hydrogéologiques dans le coeur des massifs rocheux. Elle a contribué à l’éclosion de la mécanique des roches, comme science à part entière et a amélioré la compréhension du comportement complexe des barrages voûtes et des interactions entre la structure et la fondation.

  • Plus récemment, en 2005, la rupture du barrage de Taumsauk (USA) a été attribuée à des problématiques d’exploitation sans cause naturelle externe. Ce barrage en remblai constituait le bassin supérieur d’une station de pompage sans apport naturel. Des difficultés liées à l’exploitation (fiabilité et fonctionnement de capteurs) ont amené l’ouvrage à surverser par excès de pompage depuis le bassin aval. Fort heureusement, la catastophe n’a pas fait de victimes. Les exploitants de barrage du monde entier ont été amené à s’interroger sur leur propre mode d’exploitation suite à cet accident.

Pour en savoir plus...

  • A l’occasion du 50e anniversaire de la rupture du barrage de Malpasset, le CFBR a produit un mémo technique rappelant les événements, les causes et les leçons tirés.
  • Dans le cadre du colloque technique organisé en 2011 conjointement par l’AFEID et le CFBR, Luc Deroo et Boris Jimenez ont produit un article fort documenté sur l’analyse des causes de la rupture de quelques barrages poids.