Comité Français des Barrages et Réservoirs

Barrage de Roselend

Barrages et Environnement

Impact écologique et social

Impact écologique

Un barrage et sa retenue, comme de nombreuses autres activités humaines, sont partie intégrante de leur environnement, qu’ils influencent et transforment de façon variable d’un projet à l’autre. Souvent considérés comme contradictoires, sans être nécessairement incompatibles, barrage et environnement sont liés par un mécanisme très complexe, qui rend difficile la tâche de l’ingénieur de barrage. Il lui faut trouver le juste milieu, en harmonisant des besoins différents, et parfois antagonistes.

Nous avons besoin des barrages et des bienfaits que leurs retenues apportent par le stockage de l’eau en période d’abondance et la fourniture en période de carence. Les barrages maîtrisent les crues dévastatrices et les sécheresses catastrophiques. Ils réalisent la régulation des débits naturels, variables selon les saisons et les aléas climatiques, en les adaptant à la demande en eau pour l’irrigation, I’hydroélectricité, l’eau potable et industrielle, et la navigation. Ils favorisent loisirs, tourisme, pêche et pisciculture, et peuvent améliorer parfois les conditions environnementales. Ainsi, les barrages-réservoirs sont devenus une partie intégrante de l’infrastructure que nous avons construite, de la base de survie que nous avons réalisée. Dans l’avenir, beaucoup de barrages seront à construire pour assurer la bonne gestion des ressources mondiales en eau, limitées, mal réparties, et dans bien des régions dramatiquement insuffisantes (voir le texte complémentaire).

En contrepartie, nous sommes de plus en plus conscients de la nécessité absolue de protéger et préserver le milieu naturel, qui est le fondement, menacé, de toute vie.

L’évolution récente de l’approche plus raisonnée en matière d’environnement se traduit par la notion de développement durable mis en valeur par les enjeux du Millénaire, avec la déclaration des Nations Unies à New York en septembre 2000.

On peut résumer cette évolution par les grandes dates et évènements suivants :

  • En 1972 est produit le premier rapport du club de Rome sur les limites à la croissance et 1973 première crise pétrolière.
  • Au niveau des Nations Unies en 1992 est produite la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement.
  • La Banque Mondiale organise le Workshop de Gland en Suisse avec IUCN en 1997 et organise la création de la Commission Mondiale des barrages de 1998 à 2001 Le rapport final est émis en Novembre 2000.
  • À partir des années 2000, et en particulier avec la Déclaration du Millénaire (the U.N. Millenium Declaration – New York Septembre 2000), les huit objectifs déclarés pour éradiquer la pauvreté, améliorer l’éducation et la santé publique, combattre les maladies et assurer le développement durable, la notion de développement durable a été prônée à l’échelle du développement mondial. La maîtrise de la gestion de l’eau a ainsi été déclarée comme un composant essentiel participant à la réalisation de ces objectifs, et en conséquence, la construction de barrages est jugée de nouveau primordiale afin d’assurer cette maîtrise.

En ce qui concerne la CIGB/ICOLD, les dates qui peuvent être soulignées pour illustrer son action sont les suivantes :

  • Dans le cadre des Questions du Congrès de 1973 à Madrid (Q40), les conséquences de la construction des barrages sur l’environnement ont été étudiées,
  • Le rapport de la question (Q64) fixe à 1972 la prise de conscience avec la création du comité de l’environnement au sein de la CIGB/ICOLD,
  • Le bulletin 35 (1980) traite des barrages et de l’environnement,
  • Lors du congrès de San Francisco en 1988, des manifestations de groupes anti-barrages ont démontré que l’opposition organisée de certains de ces groupes devenait un obstacle de plus en plus concret pour le développement des barrages dans le monde entier.
  • En 1993, s’est tenu au Caire un Workshop international sur le barrage d’Assouan, qui s’est attaché à étudier en détail toutes les conséquences de la mise en eau du Grand Barrage dans les années 1970.
  • Dans les années suivantes, et en parallèle avec les travaux de la Commission Mondiale des Barrages, d’importantes contributions de la CIGB ont permis de faire progresser la sensibilité des acteurs du monde des barrages aux problèmes environnementaux, tant au niveau des questions débattues au niveau des Congrès (en général une question sur les quatre est réservée tous les trois ans à un probléme lié à l’environnement) qu’au niveau des publications rédigées par les Comités Techniques, et en particulier par le Comité dédié au sein de la CIGB, le Comité de l’environnement.

Impacts sociaux

Dans la charte éditée par la CIGB/ICOLD en 1997, il est également souligné l’aspect social, au sens large du mot "environnement" : les gens, leurs terres, leurs lieux de vie, leur économie leur patrimoine et leurs traditions. L’impact des barrages-réservoirs sur ce milieu-là est inéluctable et évident :

  • leurs terres sont noyées,
  • les populations sont déplacées,
  • la continuité de la vie aquatique le long du cours d’eau est interrompue,
  • le régime d’écoulement est modifié et souvent les débits sont réduits du fait des captages.

Pour ces raisons, les ingénieurs de barrage se trouvent confrontés aux problèmes inhérents à la transformation du milieu naturel en un milieu favorable aux humains.
Dans cette lutte séculaire d’amélioration des conditions de vie d’une population mondiale toujours croissante, l’exploitation nécessaire des ressources naturelles, dont l’eau, ne permet pas de préserver le milieu naturel dans sont état initial.

Par contre, il convient de protéger ce milieu de toute agression ou toutes les perturbations qui sont évitables.

Il est essentiel de collaborer, de bonne foi, avec la fragilité mais aussi avec le dynamisme propres à la nature, sans surcharger son pouvoir de résilience, son pouvoir d’adaptation à un équilibre qui, quoique nouveau, reste équivalent dans son caractère écologique.

De plus, il convient de s’assurer que les personnes directement touchées par un projet se trouvent, après la construction du barrage, dans une meilleure situation qu’auparavant.

La contribution des concepteurs de barrages à la mise en valeur des ressources en eau repose sur une technologie éprouvée, comme en témoigne la réalisation de plus de 39 000 grands barrages [les " Grands barrages " selon les critères du Registre Mondial de la CIGB sont des barrages d’une hauteur supérieure à 15 m, ainsi que des barrages de 5 à 15 m de hauteur et qui stockent plus de 3 millions de m3 d’eau].

Cette technologie se perfectionne toujours, et les connaissances associées à l’expérience acquise des précédentes réalisations sont en progrès continu, notamment en ce qui concerne les impacts sur l’environnement naturel et social.

Il est devenu impératif que la compétence technique des concepteurs de barrage soit désormais également guidée par la notion de développement durable et qu’une grande sensibilité aux problèmes d’environnement, ainsi qu’aux problèmes humains soit désormais attachée à la réalisation de leurs ouvrages.

Les problèmes liés aux déplacements involontaires de population (souvent des populations fragiles et qui doivent être protégées) sont souvent les plus délicats à résoudre. Ils doivent faire intervenir des spécialistes sociologues et anthropologues. Les coûts relatifs à ces opérations doivent être intégrés à l’ensemble des coûts du projet et dans tous les cas la situation de ces populations pendant et après la construction du barrage doit être significativement améliorée en suivant dans cette démarche les objectifs définis par les Nations Unies dans le cadre de la Déclaration du Millénaire. La publication mentionnée dans le texte complémentaire (Bulletin 146 de la CIGB, rédigée en anglais), fait un point précis de ces questions extrêmement sensibles dès que l’on envisage la construction d’un barrage dans des zones où une population fragile est concernée par cette construction.